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Notre Tour du Monde en 80 jours
8 novembre 2013

6/11 : Bangkok - Kanchanaburi (180 km en train)

La saison des pluies est terminée en Thaïlande depuis peu, et le soleil brille tous les jours (un peu trop l'après midi...) dans un ciel toujours bleu. Vraiment, ce n'est pas pour nous jeter des fleurs, mais le choix de la 'fenêtre temporelle' pour notre voyage est extra. Pourvu que ça dure.

Ma 'crève' est presque terminée, plus de fièvre en tout cas ; mais c'est bien sur au tour de Sue de se sentir faiblarde ce matin, mal de gorge et presque aphone... Mais, tant pis, nous partons quand même en pèlerinage... au pont de la Rivière Kwai. Et en train, bien sur !

Départ à 6h ce matin sur la pointe des pieds. Taxi jusqu'à la 'gare de l'ouest' (Bangkok Noi ou Thon Buri), jolie station en boisdes années 1930. Petit dej au 7/11 du coin. Départ du train à 7h50, normalement pour 2h45 de classe unique (3ème)...

Nous sommes presque seuls dans notre wagon, aux sièges propres et confortables. L'air encore frais du matin entre librement par toutes les fenêtres grand ouvertes. Les vendeuses de fruits - en sachets prêts à consommer : papayes, mangues, pamplemousses, ananas,... - passent et repassent en chantonnant leur marchandise. Vraiment sympa.

La voie est double, tout le long, et le train (moyenne 60 kmh s'arrête toutes les 10 minutes environ : grandes gares périurbaines, minuscules gares rurales, arrêts en rase campagne parfois. Beaucoup de couleurs, partout, les Thaïs en raffolent. Ils ont d'ailleurs changé leur drapeau relativement récemment, un rouge-blanc-bleu-blanc-rouge remplaçant l'antique éléphant du Siam sur fond vert pomme. Mais les décorations des temples vont bien plus loin : ils sont littéralement bariolés, explosion de couleurs sur fond d'or et de tuiles roses. Dans la vie de tous les jours, il existe même un code de couleurs vestimentaires en fonction du jour de la semaine : jaune d'or le lundi, rose le mardi, bleu ciel le mercredi, orange le jeudi, etc., code renforcé par le jour de naissance du roi actuel (lundi) ou de son grand père très aimé (mardi)... Autrement dit, dans les rues de Bangkok, ça 'flashe' méchamment...

La campagne est luxuriante, surtout à cette saison : manguiers, bananiers, papayers, cocotiers, palmiers, hautes herbes, plans d'eau, rizières, champs de cannes à sucre... Un Thaï un peu enrobé, polo rose (Ah ?!) et petit chapeau, vient tailler une petite bavette en anglais et nous félicite sur nos 10 mots de thaï. Le train passe si près des arbres et des buissons que nous sommes couverts de feuilles et de brindilles : un peu comme nos escarbilles d'antan... Soudain, de deux arrêts successifs, jaillissent une multitude de Scouts et Guides de Thaïlande qui envahissent le train de façon bien sympa ; mais leur 'sortie' les emmène plus loin que notre destination

Le tac•tac du train nous remet des images du film en mémoire : bruit du convoi japonais s'approchant du pont, le colonel anglais (Alec Guiness) la main sur le détonateur, et le journaliste étatsunien (William Holden), le couteau entre les dents, prêt à lui sauter dessus... Quel film !

Arrivés dans notre Thaï Garden Inn, un ravissant petit hôtel-bungalow-à-la-campagne-avec-piscine de type familial (par opposition au type 'back-packer' qui sont très nombreux ici aussi...), et partis fureter à vélo comme d'hab, nous nous rendons vite compte que le film de 1968 était passé totalement à côté de la vraie histoire du pont...

Ce qui s'est réellement passé ici est raconté en silence et en vérité à l'imposant et émouvant cimetière inter-alliés du centre-ville où sont enterrés les restes de milliers de prisonniers de guerre européens, nord-américains et océaniens, employés entre 1941 et 1943 par les Japonais pour construire une liaison ferroviaire entre Thaïlande et Birmanie, dont le fameux pont n'était en fait qu'un élément d'un tout, et victimes des brutalités et cruautés de leurs geôliers ou des maladies tropicales rendues 100% mortelles du fait des mauvais traitements subis. Un petit musée extrêmement bien fait et plein de dignité et de respect raconte cette horrible odyssée, non exempte de ressemblance avec les camps de la mort nazis contemporains.

Quand ensuite, toujours à vélo, nous arrivons au pont, outrageusement commercialisé, c'est pour nous rendre compte qu'il ne reste absolument rien de l'époque puisque, à peine réalisé, le pont a été détruit par des bombardements aériens anglais (1943). Seul le site, et la relative 'jungle' environnante, peuvent encore témoigner du drame atroce qui s'est joué là.

Nous le traversons à vélo, et rentrons à notre 'colo' ébranlés par ce que nous avons découvert ou redécouvert et qui ne 'colle' pas vraiment avec le raffinement dont nous avons pu penser qu'il avait été une caractéristique japonaise de longue date... Les similitudes avec d'autres massacres ou génocides (Shoah, Rwanda,...) nous amènent à penser ce que bien d'autres ont pu penser avant nous, à savoir que les idéologies les plus affirmées sont les plus mortelles : elles rendent les hommes esclaves de leurs soi-disant 'vérités' et les amènent à exercer sur leurs semblables des cruautés qu'elles seules peuvent exiger et surtout justifier...

Une dernière contre-vérité du film : ce n'est pas la rivière Kwaï, qui veut dire buffle, mais Kwae que l'on prononce Qué-eu et qui signifie...rivière.
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